Musée de Faykod – parc de sculptures situé à Aups, dans le Haut Var.

Par Elizabeth Philpot. Historienne d’art

LE MARBRE TRANSCENDANT 

…….Transsubstantiation : mot clé de la pensée créer par de Faykod.

Selon cette pensée, l’essence de la matière se transforme par l’essence de l’esprit en la spiritualisant.

Dans cette optique, c’est la figuration de l’immatériel, de l’énergie de l’ordre spirituel, et non de la réalité concrète qui constitue son art.

Le marbre de Carrare devient, entre ses mains, un message où matière et  énergie se transcendent  en  un perpétuel changement vers  une  certaine totalité,  une perception de l’absolu.

Elle sculpte comme on mène une pensée, un raisonnement en quête d’universalité.

Ses œuvres sont le fruit d’une profonde réflexion et le résultat toujours très harmonieux procède d’une profonde recherche métaphysique servie par un sens inné des volumes et des formes.

De nationalité française, Maria de Faykod est née en Hongrie d’un père suédois, médecin, et d’une mère hongroise, professeur de mathématiques et de physique. 

Son talent sculptural se manifeste très tôt ; dès son plus jeune âge, Maria de Faykod reconnaît que la sculpture sera son moyen d’expression le plus profond, le plus complet.  À l’âge de seize ans, elle reçoit déjà ses premières commandes et se voue pleinement à la création.

Son art est relié à la tradition du « Beau » des grandes civilisations, mais sa sensibilité créatrice nous introduit déjà dans une nouvelle approche qu’elle formulera ainsi : « Il ne s’agit pas d’exprimer les phénomènes passagers de ce monde visible, mais de pouvoir pénétrer sous les pellicules subtiles d’une autre réalité où se révèle un ordre supérieur, celui de l’ordre spirituel. »

En 1975, elle s’installe à Paris, en tant que réfugiée politique.

En 1978, elle entre à l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts à Paris. Simultanément, elle approfondit ses connaissances philosophiques et métaphysiques à la Sorbonne.

De 1975 à 1985, son attrait pour le marbre l’amène à partager son temps de création entre Paris et Carrare.  Elle travaille en taille directe dans les blocs de marbre.  À ce propos elle écrit : « C’est cette matière qui contient en elle-même sa quatrième dimension, une vibration totale du temps universel. […]Le marbre est un support complet de la création libre, il possède une double réalité d’un ordre différent. Il y a dans celui-ci le temps géologique, de la substance organique pétrifiée, mais il renferme aussi la lumière, mémoire spirituelle du vivant. »

Elle participe à de nombreuses expositions, la plupart du temps comme invitée d’honneur, en France et à l’étranger et reçoit de nombreuses distinctions. 

De 1985 à 1988, ses œuvres sont exposées en permanence à Paris à la GALERIE DE FAYKOD.  Ses sculptures monumentales ornent les places de plusieurs  grandes villes (Monument  National aux Évadés de Guerre 16ème  Arrondissement de  Paris). On les rencontre également dans des musées et  dans des collections privées.  

En 1988, elle quitte Paris pour s’installer en Provence où elle crée son musée.  Situé près du village d’Aups, le MUSÉE DE FAYKOD a été inauguré en juillet 1996. 

Ce musée à ciel ouvert s’inscrit dans un mouvement innovant en faveur de la sauvegarde de la nature à travers l’art, grâce à son principe d’aménagement particulier selon lequel l’art et la nature sont intrinsèquement reliés. Leur rôle dans l’équilibre du monde a développé la faculté de reconnaître le beau et a permis de le vivre à travers l’art, ce qui est un facteur primordial de cet équilibre. Le lien entre les œuvres d’art et les valeurs essentielles de l’homme reprend tout son sens et le beau devient à nouveau la finalité même de l’art.

Ce parc de sculptures, dans son berceau naturel, offre un parcours contemplatif et, parallèlement, un aspect éducatif où les éléments semblent être mis en symbiose avec les œuvres. 

Les sculptures représentent des corps humains qui portent l’emprunte antique de l’art, du vrai et du beau, avec, en plus, une évocation de l’énergie qui traduit la transcendance de la matière, rendant visible ce qui est invisible.

La force et la subtilité, par la finesse des traits, confèrent aux œuvres une puissance exceptionnelle. Le message dans la pierre, exprimé d’une manière très pure grâce au marbre, ne parle que d’élan, d’envol, de souffle, énonce la réalité profonde de l’homme et de l’univers, et constitue par la même le fondement d’une nouvelle intuition sur la réalité.

Assurément Maria de Faykod occupe une place singulière dans l’art d’aujourd’hui.